Avec son blouson et ses lunettes de ski, lorsqu'on le croisait sur le pont de l'Arve à Bonneville on aurait presque pu croire qu'il s'agissait d'un touriste égaré. Si ce n'était sa démarche chaloupée et une maigreur extrême. Les lunettes dissimulaient plus souvent les cocards hérités de bagarres ou de chutes ivrognesques qu'elles ne le protégeaient du soleil !
Moi qui le connaissait un peu, je savais bien d'où il venait et où il allait le Jean-claude. Lorsque je le croisais sur sa route incertaine certains jours de grand froid, mon petit signe de la main où mon coup de klaxon s'accompagnaient toujours d'une pensée peu charitable du genre « ne passera pas l'hiver le Jean-Claude ".
Finalement, c'est Slobodan, compagnon de misère et de biture qui me l'a appris ce matin. Cela fait déjà deux mois qu'il a finit par me donner raison l'énergumène. Pourtant, j'aurai dû me douter en constatant l'absence de sa caravane habituellement coincée entre la route et l'autoroute du côté de Pontchy. Ah ! Ils n'ont pas traîné pour la virer la caravane du clodo ! C'est vrai qu'elle était crade, à l'image de son locataire dont la dignité s'était un peu perdue dans ce décor innommable. Tu as raison Slobodan, il est mort comme un chien, mais rassure toi, même les clébards ont droit à un peu de notre considération. Il était du nord, comme nous, et ça nous rapprochait un peu. On tâchera de ne pas l'oublier trop vite le légionnaire, comme nous n’avons pas oublié Yvon son pote avec qui il faisait la manche à la porte de l’église, plus jeune mais moins solide et qui l'attendait sans doute pour finir les bouteilles entamées. Voilà, tu n’étais pas fufute, t'étais pas malin, t'étais assez rebutant même, mais on t’aimait bien quand même…
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