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Photo du rédacteurBernard Abchiche

Réfugiés, un bel avenir

En tant qu'ancien directeur de CADA (Centre d’Accueil pour Demandeurs d'Asile) je sais par expérience à quel point la demande d'asile auprès de 'L'OFPRA est difficile et semée d'embûches pour les requérants dont très peu finalement obtiennent le statut de réfugié tant espéré. Mais c'était en 1995... A cette époque, la plupart des déboutés du droit d'asile épuisaient tous les recours possibles qui pouvaient durer jusqu'à deux ans. Ensuite, les familles étaient prises en charge par des services sociaux ou des associations caritatives. Les enfants étaient scolarisés comme la loi française le permet et d'autres venaient au monde. Au final, les préfets accordaient parfois une autorisation à séjourner sur le territoire pour raisons humanitaires. A l'époque, certains des habitants du village où se situait le CADA s’étaient montrés assez méfiants, voire, franchement hostiles, puis à mesure que le temps a passé, des liens se sont créés, chacun découvrant les richesses de l’autre à travers les différences. et une certaine solidarité s’est  même manifestée à certaines occasions… Aujourd'hui beaucoup de chose semblent avoir changé.

La guerre en Irak, les printemps arabes, la Lybie, la Syrie, les guerres civiles en Afrique sont passés par là.

Le nombre de réfugiés, leurs pays d'origine, leur religion, la jungle de Calais, les "campements" qui fleurissent un peu partout dans les grandes villes, le traitement médiatique du phénomène tout cela fait disparaître peu à peu l'idée que ces réfugiés appartiennent à la communauté humaine. On finit par oublier que dans leur immense majorité ils ont réellement besoin de notre aide comme nous avons eu besoin des richesses de leur sous-sol... Qui se soucie aujourd'hui des souffrances endurées pour parvenir jusqu'à nous ? Qui se soucie des champs de ruine laissés derrière eux, qui se soucie d'un déracinement qui fait perdre toute identité ? Qui se soucie des troubles mentaux qui explosent dans cette population ? Aujourd'hui, beaucoup ne pensent plus êtres humains mais "problèmes" à venir... En conséquence, et à la demande presque quasi générale on renforce les lois, on durcit les conditions d'obtention du statut de réfugié en réduisant les délais afin de pouvoir en expulser le plus possible et le plus rapidement possible. L'opinion publique y est favorable alors...

Un nombre non négligeable de pays de l'union européenne a trouvé la solution au problème : Pas de ça chez nous ! Les partis extrémistes font leur chou gras des peurs de leurs concitoyens en montrant du doigt les difficultés des pays qui reçoivent le plus grand nombre de réfugiés alors que si leur accueil en Europe était équitablement réparti le problème ne se poserait même pas. On marche un peu sur la tête non ?

Et demain ? Lorsque les millions de réfugiés climatiques annoncés frapperont à la porte de nos sociétés occidentales apeurées on transforme nos pays en forteresses aux murs infranchissables ? On promulgue des lois toujours plus dures, toujours plus inhumaines ?

Bel avenir…




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