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Photo du rédacteurBernard Abchiche

Adieu Slobodan !

A la fin de l'article du Dauphiné ci-dessous qui relate les circonstances de ta mort, on peut lire :« Pour l'instant, nous enquêtons dans l'environnement proche de cet « individu » ajoutait le lieutenant-colonel Servettaz, sans qu'on puisse en savoir plus sur l'identité de la personne.

Hé oui, Slobo, même mort, bêtement refroidi par un beau soir de juin tu resteras un "individu", même pas une "victime, à peine un citoyen. Je ne connais pas les circonstances exactes qui ont fait de toi un cadavre anonyme gisant sur une voie ferrée, et pour tout dire je m'en moque un peu. Cela faisait quoi ? Quinze ans à peu près qu'on se connaissait tout les deux. A l'époque où je faisais le veilleur de nuit aux Bartavelles on a même "vécu" ensemble en quelque sorte, on a mangé ensemble, dormi pas loin l'un de l'autre et je t'ai parfois "viré" de l'accueil de nuit trop "bourré" que tu étais pour permettre à tes autres compagnons de misère de dormir tranquilles.

Et le temps à passé. Comme tout le monde à Bonneville, je t'ai croisé de temps à autre entre deux hospitalisations, entre deux dégringolades un jour rasé de prés, habillé de neuf, un autre amoché et repoussant de saleté. Qu'importe ! Nous avons souvent bavardé quelques instants et tu m’as raconté ton passé, ton présent, mais jamais ton futur.

Comme tout bon SDF qui se respecte, tu faisais la manche certes, et il était bien rare que je te refuse les quelques euros demandés, et pour cause : ce n'était pas une aumône, mais un prêt à plus ou moins court terme qui m'était "remboursé" le jour où tu étais "en fond".

Comme prévu, ce n'était pas la foule à ton enterrement, mais quand même ; une petite cinquantaine de personnes... Je ne suis pas certain qu'il y en aurait eu autant pour un SDF d'une grande ville ! (Comme quoi les petites villes de provinces çà peut avoir du bon en certaines circonstances)

Ta famille (car tu en avait une), quelques copains SDF, les "pro" du social qui t'ont longtemps soutenu à bout de bras, tout cela à fait finalement une petite foule bien sympathique !

Allongé, peinard dans ta caisse en bois tu as pu entendre tout le bien que l'on pensait de toi. (Mise à part les bondieuseries de circonstances, c'était plutôt bien vu, notamment le petit discours de Solveig responsable de l'accueil de jour qui, à ce titre, te fréquentait pas mal !)

Voilà, tu va (un petit peu) me manquer. Lorsque je me rends à Bonneville, j'ai encore le réflexe de porter mon regard sur les lieux où tu stationnais habituellement, les marches de la poste, le banc de la place, l'accueil de jour prés de la gare où tu as cassé ta pipe, mais c'est fini, tu n'es plus là... Mais tu dois t'en douter, la place n'est pas vide pour autant car par les temps qui courent ce n'est pas les SDF qui manquent sur notre territoire ! Ton "remplaçant", le grand polonais n'est pas très sympathique, certes, mais comme c'était ton pote, je lui ai refilé 10 euros pour qu'il boive un coup à ta santé. Cà à eu l'air de lui plaire ! Allez, salut Slobo, et fais pas trop chier les anges du paradis des clochards...




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