Ce qui à mon sens caractérise le mieux mai 68, c'est que très peu l'ont vu venir ! C'est ce qui me fait d'ailleurs penser que "l'explosion sociale" que certains prédisent pour le mois de mai 2008 à peu de chance de voir le jour... A moins que... (Dommage, je serai au Canada jusqu'à la fin du mois, alors s'il vous plaît remettez au mois de juin ça m'arrangerait !)
Cela dit, ce n'est pas les sujets de mécontentement qui manquent et tous les ingrédients paraissent réunis pour que le "ras-le-bol" ambiant se transforme en "casse-toi Sarko, on t'a assez vu !" car comme dirait l'autre il y a plus de raisons de se révolter aujourd'hui qu'en mai 68 !
Revenons au sujet du jour : Ah mai 68 ! j'avais presque 20 ans, et la conscience de la société qui était la mienne à l'époque avoisinait le zéro absolu !
La politique ?
Un grand dadais et une petite bonne femme sur le siège arrière d'une DS noire qui se rendait à l'héliport d'Issy les Moulineaux et qui faisaient un grand "coucou" aux trois pékins (dont moi) qui se trouvaient par hasard sur le parcours ! Sans oublier la "Marseillaise" apprise par cœur et au programme du "certificat d'étude !
La classe ouvrière ?
Des pauvres types qui partaient aux aurores pour aller bosser dans les usines et auxquels je ne voulait surtout pas ressembler !
Les étudiants ?
Des fils de bourges qui avaient la chance de pouvoir éviter les incontournables filières "technologiques" réservées habituellement aux jeunes de mon HLM !
La Culture ?
Spirou, Pif le chien, Jours de France et Paris-Match (là jd'éconne un peu car en plus, je lisais déjà les romans de Sartre et Camus à 16 ou 17 ans mais je ne comprenais pas tout...)
La sexualité ?
Compliquée, souvent honteuse et clandestine et pas vraiment épanouissante.
Bref, à l'image de ces centaines de milliers de "jeunes" issus du "Baby-boom" qui croyaient que Carl Marx était un acteur de cinéma et Che Guevara une publicité pour une marque de béret !
Et si avec quelques copains nous avons jetés des pavés sur les forces de l'ordre du côté du quartier latin, nos motivations n’avaient pas grand chose à voir avec la révolte étudiante !
Et pourtant, 40 ans plus tard, j'ai la certitude que certains aspects de mon parcours personnel sont intimement liés à cette formidable accélération de l'histoire que fût mai 68. La conscience de l'existence "des autres", la solidarité, les rapports hommes-femmes, les injustices sociales, les droits de l'homme.
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